De : Il faudrait quand même qu'il comprenne…
A : J'ai besoin de...

Jean Luc prend rendez-vous car lui et sa femme ruminent sur les relations compliquées avec leur fille, Alice. Son conjoint, Marc, est le centre de tous les problèmes. La femme de Jean Luc prend aussi rendez-vous pour le même problème.
Lors des premières séances, Jean Luc passe beaucoup de temps à m'expliquer en quoi cet homme est mauvais et comment Alice s'est laissée avoir. L'histoire est rodée, Jean Luc et sa femme l'ont travaillée pendant des années. Que ce soit avec Jean Luc ou bien avec sa femme, j'ai pratiquement un copié-collé des explications. Toutes les anecdotes prouvent la fourberie de Marc.
Ce Marc n'existe que dans mon cabinet. Il n'a de corps qu'à travers les propos de Jean Luc. Je ne doute pas des difficultés que Jean Luc rencontre. Je dois quand même lui faire accepter que mon travail se fera avec lui uniquement.
Au départ, nous travaillons sur la relaxation. C'est inutile d'aller plus loin tant que le cerveau tourne en boucle. Jean Luc est très appliqué et s'entraîne régulièrement jusqu'au prochain rendez-vous.
Il est assez fier de lui et m'explique comment il "médite" en s'occupant de ses poules. Il s'inquiète de plus en plus pour sa femme qui, elle, pleure régulièrement. C'est étonnant de voir comment Jean Luc externalise le problème : ma femme ne supporte plus, ma fille devrait y penser, mon gendre ne devrait pas empêcher.
En hypnose, nous travaillons sur ce que Jean Luc souhaite. La bascule prend 2 séances parce qu'on ne lui a jamais demandé ce qu'il voulait. Jean Luc n'a jamais appris à dire "j'ai besoin de". Quand il comprend profondément qu'il a besoin d'avoir du lien avec son petit-fils, Jean Luc pleure. Le lendemain, il envoie un SMS à sa fille pour lui demander si elle était d'accord pour une rencontre.
Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite. Parfois, dans un système, il suffit d'un élément qui bouge pour tout réorganiser.
Et moi, j'ai compris l'importance de bien définir un objectif personnel pour accompagner. Sans lui, nous travaillons dans le vide sans espoir d'amélioration.
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