Doute et curiosité : quand nos parties intérieures s’affrontent… ou coopèrent
- Antoine Montel
- 20 oct.
- 6 min de lecture

Il vous est peut-être déjà arrivé de rester bloqué entre deux élans contraires : une part de vous voudrait avancer, sûre de ses connaissances, alors qu’une autre vous souffle à l’oreille : « Et si tu te trompais ? ». Ce tiraillement n’a rien d’exceptionnel. Il traverse chacun de nous, parfois de façon subtile, parfois de manière brutale, jusqu’à nous empêcher d’agir.
Plutôt que de chercher à savoir quelle voix a raison, il peut être intéressant de comprendre qu’elles ont toutes deux une fonction précieuse. C’est exactement ce que proposent certaines approches modernes comme l’Internal Family System (IFS), mais aussi des philosophies anciennes qui nous rappellent combien le doute et la curiosité sont nécessaires à une vie équilibrée.
Dans cet article, je vais vous montrer comment accueillir ces deux forces intérieures, pourquoi elles s’opposent si souvent, et comment l’auto-hypnose peut vous aider à transformer leur conflit en dialogue apaisé.
Pourquoi certaines parties de nous veulent “savoir” à tout prix
Nous avons tous en nous une part rationnelle, stable, qui aime s’appuyer sur des certitudes. Elle nous aide à prendre des décisions rapides, à ne pas remettre en question chaque geste du quotidien. Imaginez ce qu’il se passerait si, chaque matin, vous doutiez de la manière de préparer un café ou de conduire votre voiture. Ce serait invivable.
Cette part qui veut “savoir” agit comme une colonne vertébrale psychologique. Elle s’appuie sur l’expérience, les apprentissages, et parfois même sur des croyances bien ancrées. Elle nous évite de nous éparpiller et nous permet de fonctionner efficacement dans un monde complexe.
Les philosophes stoïciens, comme Épictète ou Marc Aurèle, insistaient déjà sur l’importance de la raison et de la stabilité intérieure. Avoir un socle solide, c’est aussi ce qui nous rend capables de tenir face aux tempêtes extérieures.
Pourquoi d’autres parties de nous choisissent le doute
Mais l’être humain n’est pas une machine. À côté de cette part qui “sait”, il existe une autre part, tout aussi essentielle : celle qui questionne. Elle nous pousse à vérifier, à explorer, à ne pas nous contenter de réponses toutes faites.
Ce doute, parfois inconfortable, est en réalité un moteur d’évolution. C’est grâce à lui que les sciences ont progressé, que des inventeurs ont remis en cause ce que tout le monde croyait acquis. Socrate, l’un des pères de la philosophie, ne répétait-il pas : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien » ?
Mais ce doute peut aussi devenir envahissant. Lorsqu’il prend trop de place, il se transforme en anxiété, en paralysie. C’est ce que ressentent beaucoup de personnes confrontées au syndrome de l’imposteur : cette impression persistante de ne jamais être assez compétent, assez légitime. Ici, le doute n’est plus un allié, il devient un poids.
Plutôt qu’un duel, une conversation intérieure
La plupart du temps, nous vivons ce face-à-face comme un combat : soit la certitude l’emporte, soit le doute prend le dessus. Mais il existe une autre voie, bien plus féconde : apprendre à faire dialoguer ces deux parts de nous.
Dans le modèle de l’Internal Family System (IFS), on considère que nous sommes composés de multiples sous-personnalités, toutes animées d’une intention positive. Aucune n’a “tort”. Elles essaient simplement de nous protéger, à leur manière.
Ainsi, la part qui veut savoir tente de sécuriser notre monde intérieur. La part qui doute, elle, cherche à éviter les erreurs et à ouvrir le champ des possibles. Plutôt que de les opposer, pourquoi ne pas les réunir autour d’une table et jouer le rôle de médiateur ?
C’est précisément ce que permet l’auto-hypnose.
Un protocole d’auto-hypnose pour explorer ce dilemme intérieur
Je vous propose maintenant une exploration guidée. C’est un exercice simple, que vous pouvez réaliser seul, et qui vous permettra de mieux comprendre vos propres conflits intérieurs.
Installez-vous confortablement et prenez quelques respirations profondes. Puis, laissez venir à vous un dilemme actuel ou passé : une situation où deux parties de vous semblent s’affronter.
Observez-les. Comment interagissent-elles ? Que ressentez-vous dans votre corps, dans vos pensées ?
Choisissez de commencer par l’une d’elles. Imaginez que l’autre attende calmement dans une salle d’attente intérieure, le temps que la première puisse s’exprimer. Offrez-lui toute votre attention. Accueillez ses arguments, ses craintes, ses besoins. Vous n’avez pas à être d’accord, seulement à écouter.
Puis, remerciez-la et proposez-lui d’attendre à son tour, pendant que vous donnez la parole à l’autre. De nouveau, écoutez. Soyez curieux. Que veut-elle protéger ? Que redoute-t-elle vraiment ?
Lorsque les deux se sont exprimées, demandez à la dernière si elle accepterait un échange direct avec la première. Si oui, imaginez-vous en médiateur bienveillant, veillant à ce que chacune reste respectée. Observez ce dialogue, sans chercher à imposer une conclusion.
Enfin, rappelez-leur qu’elles font toutes deux partie de vous. Qu’elles ont un même objectif : vous aider à avancer. Proposez-leur de devenir vos conseillères, plutôt que vos adversaires. Et terminez en les remerciant pour ce qu’elles vous ont montré.
Pourquoi cet exercice peut changer votre relation à vous-même
Beaucoup de mes clients découvrent, à travers ce type d’expérience, qu’il ne s’agit pas de choisir entre le doute et la certitude. Ces deux forces ne sont pas des ennemies mais des alliées complémentaires.
Le savoir vous stabilise, le doute vous ouvre. L’un sans l’autre, vous seriez soit rigide et fermé, soit perdu dans une remise en question permanente. Ensemble, ils créent une dynamique d’équilibre et d’adaptation.
C’est là toute la puissance de l’hypnose et de l’auto-hypnose : offrir un espace intérieur sécurisé, où ces parties peuvent enfin s’écouter plutôt que de s’affronter.
Doute et curiosité : et si vous commenciez dès aujourd’hui ?
La prochaine fois que vous sentirez monter en vous ce tiraillement entre certitude et doute, rappelez-vous qu’aucune de ces voix n’a tort. Ce sont deux conseillères qui cherchent à vous guider. Offrez-leur l’occasion de dialoguer, plutôt que de se battre.
Si vous souhaitez aller plus loin et explorer en profondeur vos propres dilemmes, je vous accompagne en séance d’hypnose pour la gestion du stress. Ensemble, nous pourrons transformer vos conflits intérieurs en ressources précieuses pour avancer avec plus de clarté et de sérénité.
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FAQ
1. Est-ce que ce protocole d’auto-hypnose marche même si je n’ai jamais fait d’hypnose ?Oui. Vous n’avez pas besoin d’expérience particulière. Il s’agit simplement d’un exercice d’imagination guidée, accessible à tous.
2. Que faire si je n’arrive pas à visualiser mes “parties” ?Vous pouvez les ressentir sous forme de sensations, d’émotions ou même de mots. Il n’y a pas de “bonne” façon.
3. Est-ce que ce type de travail peut réduire le syndrome de l’imposteur ?Oui, car il permet d’entendre la voix du doute sans se laisser envahir par elle. Au lieu d’être paralysé, vous apprenez à en faire un signal utile.
4. Combien de temps faut-il pratiquer pour sentir un changement ?Dès la première exploration, vous pouvez ressentir un apaisement. Avec une pratique régulière, le dialogue intérieur devient plus fluide et naturel.
Pour aller plus loin
Si le thème du doute, de la curiosité et du dialogue intérieur vous intéresse, voici quelques ressources fiables et enrichissantes pour approfondir.
📚 Livres et références philosophiques
Platon, Apologie de Socrate : un classique pour comprendre comment le doute et le questionnement peuvent devenir une véritable méthode de connaissance.
Montaigne, Essais : une exploration fine de la condition humaine, où le doute devient un chemin vers la sagesse.
Marc Aurèle, Pensées pour moi-même : une source précieuse pour découvrir la stabilité intérieure chère aux Stoïciens.
🧠 Psychologie et IFS (Internal Family System)
Schwartz, R. C. (1995). Internal Family Systems Therapy. New York: Guilford Press. → L’ouvrage fondateur sur le modèle IFS, qui explique comment travailler avec nos sous-personnalités.
Anderson, F., Sweezy, M., & Schwartz, R. C. (2017). Internal Family Systems Skills Training Manual. PESI Publishing. → Un guide pratique pour explorer les parties de soi et favoriser le dialogue intérieur.
🔬 Études et neurosciences du doute
Botvinick, M. M., et al. (2001). Conflict monitoring and cognitive control. Psychological Review, 108(3), 624–652. → Étude de référence montrant comment le cerveau gère les conflits internes entre plusieurs options.
Inzlicht, M., Bartholow, B. D., & Hirsh, J. B. (2015). Emotional foundations of cognitive control. Trends in Cognitive Sciences, 19(3), 126–132. → Lien entre émotions, doute et capacité à réguler nos décisions.
Roese, N. J., & Vohs, K. D. (2012). Hindsight bias. Perspectives on Psychological Science, 7(5), 411–426. → Montre comment notre besoin de certitude influence la mémoire et la perception des choix passés.
🌐 Ressources en ligne accessibles
IFS Institute → Site officiel du modèle Internal Family Systems.
Stanford Encyclopedia of Philosophy – Doubt → Articles détaillés sur l’histoire philosophique du doute.




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