🧠 Hypnose et stress : quand changer de point de vue change tout
- Antoine Montel
- 10 nov.
- 5 min de lecture

Et si le stress ne venait pas des situations, mais du point de vue depuis lequel on les regarde ?
Tu l’as sans doute déjà vécu : Tu expliques quelque chose avec sincérité, et ton interlocuteur semble… ne pas vivre la même scène que toi. Comme si chacun regardait le même tableau depuis un autre angle.
Un collègue, un partenaire, un proche — deux perceptions, une seule réalité. Comme ces aveugles qui touchent un éléphant et se chamaillent pour savoir si c'est un serpent, un tronc d'arbre... Parfois, c’est là que le stress s’installe.
J’en ai eu deux rappels frappants récemment. L’un dans mon réseau d’entrepreneurs. L’autre, avec l’URSSAF. Et les deux m’ont ramené à la même vérité :
Ce n’est pas la situation qui use, c’est la position intérieure depuis laquelle on la regarde.
⚖️ Une seule réalité, deux lectures opposées
Dans mon groupement d’entrepreneurs, un membre hésitait à continuer l’aventure. Il en plaisantait souvent, alors les responsables ont fini par l’appeler pour échanger avec lui.
👉 Lui a entendu : “on veut que je parte."
👉 Nous pensions : “on veut comprendre ce qu’il ressent.”
Une seule réalité, mais des rapports différents à celle ci. Heureusement, il m’a appelé, et la conversation a rétabli le pont.
Deux heures plus tard, un autre test de perception :
Contrôle URSSAF. Soupçon de travail illégal. La phrase qui glace.
Conscience tranquille, bien sûr, mais le mental, lui, s’emballe :“Et si j’avais oublié un papier ?” “Et si j’avais mal rempli une ligne ?”
J’ai tout fourni, tout expliqué, et j’ai rangé ça — mentalement — sur une étagère imaginaire. Auto-hypnose en action : ce qui doit être traité le sera, le reste attendra.
Deux semaines plus tard : “Dossier classé sans suite.” Soulagement. Mais quand je demande un écrit confirmant la fin de la procédure, l’inspectrice me répond :
“Non Monsieur, on ne fait pas de papier pour ça.”
Pour moi, c’est une question de clarté.
Pour elle, un papier signifierait mise en examen.
Encore une fois : 1 réalité, 2 rapports.
🧩 Ce que le cerveau fait (et pourquoi ça crée du stress)
Notre cerveau n’enregistre pas “le réel” : il l’interprète. Chaque émotion colore la perception. Fatigue, tension, peur — et soudain, tout semble menaçant.
L’inhibition frontale, décrite notamment par le chercheur Jean-Pierre Oudet permet de prendre du recul sur nos reflexes. Le cortex préfrontal, cette zone juste derrière le front, joue le rôle de médiateur. Il inhibe les réactions émotionnelles trop rapides (liées à l’amygdale) et permet de remettre du discernement là où la peur ou la colère voudraient prendre le pouvoir.
👉 Autrement dit, son rôle n’est pas de donner raison à l’un ou à l’autre, mais de mettre tout le monde d’accord à l’intérieur de nous.
Quand le stress monte, cette fonction d’inhibition s’affaiblit. On réagit au lieu d’agir. On se défend au lieu de comprendre.
L’hypnose, à sa manière, vient réactiver cette fonction naturelle. Elle aide à retrouver cet espace d’observation où les émotions et la raison peuvent à nouveau dialoguer.
🪑 Le protocole du “changement de chaise” : un exercice concret
Voici un exercice que j’utilise en séance, et que tu peux tester chez toi.
C’est simple, mais redoutablement efficace.
Choisis une situation tendue ou un désaccord.
Par exemple, une conversation houleuse, un stress avant un rendez-vous, un conflit intérieur.
Installe trois chaises.
Sur la première : toi, ici et maintenant.
Sur la deuxième : l’autre personne ou la situation.
Sur la troisième : un observateur neutre.
Passe d’une chaise à l’autre.
Sur la première, dis tout ce que tu ressens. Même si c’est injuste, même si ce n’est pas “rationnel”.
Sur la deuxième, deviens l’autre. Que voit-il ? Que pense-t-il ?
Sur la troisième, regarde la scène comme un film. Qu’est-ce qui t’échappait jusque-là ?
Reviens sur la première chaise.
Souvent, ton état intérieur a déjà changé.Ce simple déplacement physique crée un déplacement mental.
Tu viens, sans t’en rendre compte, de faire une forme d’auto-hypnose en mouvement : ton cerveau a intégré plusieurs points de vue.
C’est un peu comme si le cortex préfrontal reprenait doucement le micro ,et disait : “Merci à tout le monde, on va s’écouter maintenant.”
🧠 Pourquoi ça marche (et ce que disent les neurosciences)
Changer de place, c’est changer d’état mental. Les études en neurosciences montrent que le cerveau ne distingue pas toujours une expérience vécue d’une expérience imaginée. Ainsi, “vivre” un autre point de vue recrée de nouvelles connexions neuronales, et réduit l’activité de l’amygdale (le centre des réactions émotionnelles rapides).
Autrement dit, cet exercice entraîne le cerveau à inhiber le stress. Tu redeviens capable d’observer sans réagir. De comprendre sans approuver. Et parfois, c’est suffisant pour apaiser tout un système intérieur.
🌱 Mon expérience (personnelle et assumée)
Je te le dis franchement : je n’arrive pas à méditer.
Dès que j’essaie, mon cerveau part en voyage — surtout quand je devrais “ne penser à rien”. Je caricature et je pense que la pratique doit être intéressante. Mais comme le disait un client :
"Si je médite, je ne fais rien. Et je n'aime pas rien faire."
L’auto-hypnose m’a appris autre chose : on peut apaiser sans arrêter de penser. Juste en déplaçant la caméra intérieure. En cessant de juger nos pensées pour simplement les écouter - et en ça je rejoins probablement la méditation.
C’est ce que je pratique, et ce que j’enseigne : retrouver de la clarté sans nier l’émotion. Parce que la vraie évolution, ce n’est pas de voir autre chose…C’est de regarder autrement.
💬 Changer de point de vue
Changer de point de vue, ce n’est pas céder. C’est retrouver sa liberté de choisir la bonne distance.
Si tu sens que certaines situations te “prennent la tête”, que tu rumines sans pouvoir lâcher, ou que la tension devient un réflexe…
👉 il est peut-être temps de faire ce pas de côté.
C’est exactement ce que permet l’hypnose : recréer de la souplesse là où tout semble figé. Et souvent, une ou deux séances suffisent pour rétablir cet équilibre.
📅 Prendre rendez-vous – parce que parfois, le simple fait de changer de chaise peut déjà tout changer.
🔍 Pour aller plus loin
Jean-Pierre Oudet, Cerveau et inhibition frontale, Presses Universitaires de Grenoble.
Antonio Damasio, L’erreur de Descartes : la raison des émotions.
Stanislas Dehaene, La conscience et le cerveau.
Daniel Kahneman, Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée.
Antoine Montel, “Faire taire le petit vélo dans sa tête” (vidéo sur l’auto-hypnose et la rumination mentale).
❓FAQ
1. L’hypnose peut-elle vraiment aider à gérer le stress ?
Oui. Elle aide le cerveau à repasser d’un mode “réaction” à un mode “régulation”.C’est un entraînement à mieux écouter ses signaux internes sans se laisser envahir.
2. Quelle est la différence entre méditation et hypnose ?
La méditation, c’est comme lisser la surface du lac : calmer les pensées.
L’hypnose, c’est agir sur les courants sous la surface : comprendre ce qui les agite. Les deux sont complémentaires, mais j’avoue : moi, le lotus, je n’y arrive pas 😄
3. Combien de séances faut-il pour retrouver ce recul ?
Souvent deux ou trois suffisent pour sentir un vrai changement. Le reste, c’est de l’entretien — un peu comme muscler sa capacité à voir autrement.
4. Est-ce que je peux pratiquer seul(e) ?
Oui. L’exercice du changement de chaise est un excellent point de départ. Mais accompagné, le processus est souvent plus rapide et plus apaisant.




Commentaires