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Sommes-nous nos actes ? L’histoire de Paul et la trahison involontaire

Photo du rédacteur: Antoine MontelAntoine Montel

1. Contexte – Un choix qui change tout

Paul, 38 ans, est psychologue. Il accompagne des patients en quête de mieux-être, prône l’empathie et la compréhension de soi. Mais ce soir-là, il est assis seul dans son salon, un verre d’eau tiède à la main, le regard vide. Son téléphone vibre, encore. Il ne répond pas.

Il y a quelques heures, il a brisé une promesse. Une de celles qui comptent.

Mathieu, son ami d’enfance, lui avait confié un secret lourd : il traversait une période sombre et n’était plus sûr de pouvoir s’en sortir seul. Il lui avait demandé de ne parler à personne de ses doutes. Paul avait promis. Mais inquiet, il a fini par en parler à la sœur de Mathieu, pensant bien faire.

Résultat : Mathieu l’a appris, s’est senti trahi et a coupé tout contact.

Paul est maintenant coincé avec cette question en boucle : ai-je trahi mon ami ?


Sommes-nous nos actes ?
Sommes nous nos actes ?

2. Déclencheur – Deux visions du même acte

Paul repasse la scène dans sa tête sous deux angles différents.

  • La vision existentialiste : Paul est sa trahison

    Mathieu ne voit que son acte : un manque de loyauté. Peu importe ses intentions. Paul a parlé alors qu’il avait promis de se taire.

    Il se souvient des mots de Sartre : "L’homme n’est rien d’autre que l’ensemble de ses actes." Si c’est vrai, alors il est un traître. Point final.

    Il pourrait tenter de se justifier, mais les faits sont là. Ce qu’il a fait définit ce qu’il est.

  • La vision humaniste : Paul est plus que son acte

    Paul pense alors à ce qu’il dirait à un patient dans la même situation.

    Pourquoi a-t-il parlé ? Parce qu’il avait peur pour son ami. Parce qu’une partie de lui, celle qui veut protéger et réparer, a pris le dessus sur celle qui voulait tenir sa promesse.

    Dans la vision de l’Internal Family Systems (IFS), il n’est pas un traître. Son action est le symptôme d’une part de lui-même qui ne supporte pas l’impuissance.

    Si ses actes ne sont que des manifestations de blessures ou de peurs internes, alors il n’est pas réduit à ce qu’il a fait. Il est un être complexe, en évolution.


3. Transformation – L’équilibre entre responsabilité et compréhension

Paul passe des heures à osciller entre ces deux visions. L’une est brutale, mais lui rappelle qu’il doit assumer ses actes. L’autre est douce, mais risque de l’excuser trop facilement.

Finalement, il comprend une chose :

  • Oui, il a trahi une promesse. C’est un fait. Il doit l’accepter et faire face aux conséquences.

  • Mais il n’est pas seulement cet acte. Il peut apprendre, comprendre pourquoi il a réagi ainsi, et faire autrement la prochaine fois.

Ce qu’il a fait ne disparaît pas, mais il refuse de s’y enfermer. Il décide d’écrire à Mathieu. Pas pour se justifier, mais pour reconnaître son erreur, expliquer son intention et laisser une porte ouverte.


4. Résolution – L’enseignement à retenir - Sommes-nous nos actes ?

Sommes-nous nos actes ? Oui… et non.

Nos actions ont des conséquences réelles. Elles façonnent notre rapport aux autres et au monde. Mais elles ne sont pas une prison. Nous avons la capacité d’apprendre et de nous transformer.

Et c’est là qu’un accompagnement comme l’hypnose peut aider. Loin de remplacer une thérapie ou un travail introspectif profond, elle permet de travailler sur les comportements gênants, ces réactions automatiques qui nous échappent et que nous regrettons parfois. Que ce soit pour sortir d’un schéma répétitif, dépasser une peur ou mieux gérer ses émotions, l’hypnose agit comme un levier de changement, sans prétendre apporter une vérité absolue.

Car en tant que praticien, je ne vous donne pas de réponse. Prétendre le contraire relèverait d’une posture sectaire ! Un accompagnement sain repose sur un équilibre : ni déterminisme absolu ("vous êtes vos actes"), ni déresponsabilisation totale ("vous n’y êtes pour rien"). C’est dans cette nuance, ce "oui… et non", que se trouve une transformation véritable.


Disons que mon parti pris, en tant que praticien d'hypnose, sera toujours de choisir le chemin qui fonctionne, sans chercher à savoir pourquoi la version précédente existait. Je cherche des solutions, pas des problèmes.


👉 Et vous ? Avez-vous déjà vécu un moment où vous ne saviez plus si vous étiez défini par une erreur ou un choix ? Partagez votre réflexion en commentaire.


❓ FAQ : Vos questions sur l’identité et les actes

1. Nos actes définissent-ils vraiment qui nous sommes ?

Cela dépend de l’angle de vue. D’un point de vue existentialiste, nous sommes définis par nos choix et actions. D’un point de vue psychologique et humaniste, nos actes sont souvent des réponses à des blessures ou des mécanismes internes. Est ce que l'on a besoin de trouver les blessures pour changer ? Non pas toujours. Est ce que travailler le symptôme va suffire à toutes les situations ? Non plus. C'est une question d'équilibre !


2. Comment assumer ses actes sans se réduire à eux ?

Reconnaître l’impact de nos actions sans se juger définitivement. L’idée est d’apprendre de nos erreurs pour évoluer, plutôt que de s’enfermer dans une identité figée.


3. Peut-on changer malgré nos actes passés ?

Oui, tant qu’on en prend conscience et qu’on fait des choix différents à l’avenir. Le changement passe parfois par la compréhension de nos motivations profondes et parfois simplement par l’action. C'est un peu la question de l'oeuf et la poule. Il n'y a pas de choix à faire ici mais des essaies à tester !


4. Quelle est la différence entre responsabilité et culpabilité ?

  • Responsabilité : Assumer ce qu’on a fait et ses conséquences.

  • Culpabilité : S’identifier totalement à l’erreur et s’auto-punir.

    L’enjeu est d’être responsable sans se noyer dans la culpabilité.


5. Comment savoir si je dois me pardonner ou changer ?

Si une action passée vous hante, posez-vous deux questions :

  1. Ai-je appris de cette expérience ?

  2. Ai-je pris des mesures pour agir différemment ?

    Le pardon de soi n’est légitime que si l’on agit pour ne pas répéter l’erreur.


📚 Bibliographie et références

Philosophie : La responsabilité et l’identité

  • Jean-Paul Sartre, L’existentialisme est un humanisme (1946) – Idée que nous sommes nos actes et que l’existence précède l’essence.

  • Hannah Arendt, La responsabilité personnelle sous la dictature (1964) – Exploration des actes et de la responsabilité morale.

Psychologie et Internal Family Systems (IFS)

  • Richard Schwartz, No Bad Parts (2021) – Introduction à l’IFS et à la manière dont nos comportements sont influencés par nos "parts" intérieures.

  • Carl Rogers, On Becoming a Person (1961) – Vision humaniste où l’individu est plus que ses actions et a un potentiel de transformation.

Neurosciences et comportement humain

  • Antonio Damasio, L’Erreur de Descartes (1994) – Comment les émotions et la biologie influencent nos décisions.

  • Daniel Kahneman, Système 1 / Système 2 : Les deux vitesses de la pensée (2011) – Pourquoi nous réagissons parfois sans contrôle rationnel.

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